FORMATION POLYMERES :
INTRODUCTION AUX POLYURETHANES©
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Les
polyuréthanes (le terme polyurethanne(s) n'étant plus admis depuis
1988) sont des polymères qui contiennent le groupement uréthane. La
fonction uréthane est plus rarement appelée fonction carbamate.
R'-NH-CO-O-R
Cette liaison résulte de la réaction de condensation entre un composé à hydrogène mobile de type alcool R-OH et un isocyanate R'-N=C=O.
Pour former un polyuréthane, il faut faire réagir des polyols (au moins
deux fonctions alcools par molécule) avec des polyisocyanates (au moins
deux fonctions isocyanates par molécule).
La réaction d'un diol avec un diisocyanate conduit à un polyuréthane linéaire.
HO-R-OH + O=C=N-R'-N=C+O ® -[-O-R-O-CO-NH-R'-NH-CO-]-
La
fonction uréthane, obtenue par l'addition d'un isocyanate sur un
alcool, est connue depuis la fin du XIX ième siècle et les réactions
des isocyanates sur divers composants présentant un hydrogène mobile
ont été étudiées au début du XXième siècle. Ces réactions sont
généralement exothermiques.
En
1937, Otto Bayer et ses collaborateurs de la I.G. FARBENINDUSTRIE
entreprirent l'étude de la polymérisation des diisocyanates avec les
diols et les diamines, en vue de fabriquer des fibres compétitives avec
celles des polyamides, puis des matières plastiques.
Ces fibres étaient obtenues par réaction du 1,4-butanediol (BDO) avec l'hexaméthylènediisocyanate (HDI).
Ces
résultats se voulaient une réponse aux travaux de Carothers de la
société DUPONT DE NEMOURS, USA, sur les polyamides ou NYLONS. Les
recherches furent menées parallèlement en Allemagne et aux États-Unis
pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands, les premiers,
comprirent l'intérêt pratique du dégagement gazeux provoqué par la
réaction des isocyanates sur l'eau et fabriquèrent les premières
mousses rigides de polyuréthanes, destinées aux structures des avions
et des sous-marins.
Les
premières études industrielles avaient été menées sur des isocyanates
aliphatiques (HDI), mais le tolulènediisocyanate (TDI), issu des
travaux menés chez DU PONT DE NEMOURS et chez MONSANTO, d'emploi plus
aisé, devait, au début des années 50, susciter une somme considérable
de recherches en Europe et aux États-Unis, qui devaient déboucher
rapidement sur la fabrication de mousses souples de polyester uréthanes
en 1952 (BAYER) et de Polyether-uréthanes en 1956-1957 (Du PONT De
NEMOURS, I.C.I. et WYANDOTTE), puis sur de multiples produits.
C'est
surtout l'emploi d'une large gamme de polyols de natures, masses
molaires et fonctionnalités différentes qui a pu permettre le
développement de la très grande diversité de polyuréthanes.
En effet, ces polyols peuvent être :
•
des polyesters polyols longs résultant d'une polycondensation entre des
diacides et un excès de diols dans le cas de molécules linéaires ou
encore de la polyaddition par ouverture de cycles de lactones comme les
polycaprolactones,
• ou encore
des polyéthers longs résultant de la polyaddition par ouverture de
cycles éthers (oxirane(s), oxétane, ou encore tétrahydrofurane)
• d'autres diols ou polyols longs tels que les polybutadiènes a, w dihydroxylés, les polycarbonates ou encore des polysiloxanes hydroxytéléchéliques.
• des diols très courts appelés allongeurs ou extendeursde chaines
• des polyols courts de fonctionnalités supérieures à trois appelés réticulants ou rétifiants.
Puisque
les polyols utilisés dans la synthèse d'élastomères sont souvent très
longs, les polyuréthanes qui en résultent contiennent très peu de
fonctions uréthanes . L'appellation « polyuréthane » est parfois
abusive stricto sensu ; en pratique, elle couvre tous les polymères
dérivés des isocyanates. C'est ainsi que, dans les mousses souples, on
compte une liaison uréthane pour environ 20 ponts éther et que, dans
certaines mousses rigides (issues de polyisocyanurates), les uréthanes
sont quasi absents. Mais, l'usage prévalant, ils seront cependant
traités dans les ouvrages sur les polyuréthanes ainsi que les polyurées
résultant de la réaction de la réaction entre des polyisocyanates et
des polyamines.
En
outre, la formulation, permet de moduler là encore les propriétés des
polyuréthanes au travers de l'emploi de nombreux additifs et charges.
Cet ensemble impressionnant de matières premières permet d'obtenir une infinité de formulations.
C'est
cette diversité impressionnante de matières premières qui constitue la
clé de la diversité des polyuréthanes tant au niveau des structures que
des applications.
Ainsi, les
polyuréthanes constituent l'une des plus vastes familles de matières
dites « plastiques », bien que les polyuréthanes soient plus
souvent des structures thermodurcissables que thermoplastiques :
• Mousses souples de faible densité (10-80 kg/m3),
• Mousses flexibles haute densité (> 100 kg/m3),
• Mousses semi-rigides et microcellulaires (400-800 kg/m3),
• Mousses rigides (30-80 kg/m3),
• Mousses rigides à haute densité,
• Elastomères et masses de coulée thermodurcissables,
• Elastomères et plastomères thermoplastiques,
• Fibres textiles (du type ELASTANNE),
• Adhésifs, peintures, revêtements et vernis,
• Colles et liants.
Les
mousses constituent une famille à part, générant les plus forts volumes
de production, le reste des polyuréthanes constitue une famille
communément appelée C.A.S.E. par le milieu industriel (de Coatings,
Adhesives, Sealants and Elastomers).
Index stœchiométrique
En
fonction des performances finales souhaitées, il est possible de
s'éloigner de la proportion stoechiométrique des fonctions réactives
isocyanate et hydroxyle. Le rapport [NCO] / [OH] ([NCO] signifie
concentration en fonction isocyanate et [OH] = concentration en
fonctions hydroxyle) est appelé indice ou index ou encore taux de
réticulation si l'indice est supérieur à l'unité pour un mélange de
monomères bifonctionnels. Si cet indice est de 1, nous nous trouvons
dans les proportions stœchiométriques. En dessous on parle de
sous-indexation et le produit n'est pas totalement polymérisé ou
éventuellement réticulé il est alors tackant (collant) et mou que l'on
s'éloigne de l'unité par défaut. A contrario, lorsque l'index est
supérieur à l'unité nous sommes dans le cas d'une sur-indexation, ce
qui correspond à la majorité des formulations industrielles afin
d'éviter une sous-indexation du réseau par consommation des fonctions
isocyanates dues à la présence d'eau résiduelle dans la part polyol
mais aussi au fait que le titre en fonction hydroxyles n'est pas
toujours connu avec précision. Si les performances finales ne sont pas
assez élevées, il faut augmenter le taux de réticulation. Les
variations de rapport de mélange ou ce qui revient au même d'index,
permettent sans changer fondamentalement la formulation de résoudre ce
problème.
La clé de la chimie des
polyuréthanes, c'est la grande réactivité de la fonction isocyanate.
Les isocyanates réagissent avec les groupements qui possèdent ou ou
plusieurs atomes d'hydrogène mobile. Nous trouvons ces hydrogène
mobiles sur les fonctions hydroxyles ou alcool, mais aussi sur les
amines, les acides carboxyliques, l'eau, les fonctions urée, uréthanes
et bien d'autres fonctions.
La
vitesse de réaction entre un composé à hydrogène mobile et un
groupement isocyanate est déterminée par sa basicité mais aussi son
encombrement stérique. En effet, un alcool primaire réagit plus
rapidement sur une fonction isocyanate qu'un alcool secondaire et
pourtant un alcool secondaire est plus basique de part l'effet inductif
d'un groupement alkyle supplémentaire qu'un alcool primaire.
L'important
avec les polyuréthanes c'est de travailler en absence d'humidité. En
effet, en présence d'eau deux fonctions isocyanate réagissent en
formant une fonction urée et en dégageant du gaz carbonique qui forme
des bulles dans la matrice polyuréthane.
Dans
un isocyanate R-NCO, si R est un groupement donneur d'électrons, il
exerce une action désaturante sur le groupement CO, la réactivité de ce
groupement NCO est donc affaiblie. Par contre si R est un groupement
aromatique le doublet de l'azote est attiré dans le noyau aromatique et
la charge positive du carbone s'en trouve augmentée. Ainsi la
réactivité des groupements isocyanate forme la suite croissante
suivante :- t-butyl- < cyclohexyl- < n-alkyl- < benzyl- <
phényl- < para-nitrophenyl- < chlorosulfonyl-isocyanate.
Cependant la stabilité thermique de l'uréthane formé augmente dans le
sens inverse.
Les catalyseurs de la
réaction isocyanate – hydroxyle sont des bases, parmis celles-ci il est
préférable d'utiliser des sels organométalliques (le dibutyldilaurate
d'étain ou DBTL, par exemple) pour la réaction isocyanate – hydroxyle,
ou des mélanges des sels organométalliques en mélange avec des
polyamines tertiaires aromatiques (le diazobicyclo [2.2.2] octane, en
abrégé DABCO, est l'exemple le plus significatif de ces amines)
lorsqu'il s'agit de moduler la compétition entre les réactions
isocyanate – hydroxyle et isocyanate – eau dans le cas des mousses
polyuréthanes.
A contrario, les acides et les chlorures d'acides sont des inhibiteur de la réaction isocyanate – hydroxyle.
L'ajout
de tout additif ou charge pouvant modifier significativement le
caractère acido-basique d'une formulation de polyuréthane est de nature
à modifier la cinétique de celle-ci .